Questions les plus fréquemment posées :
- La méthode peut-elle être utilisée avec de très jeunes enfants?
- La méthode peut-elle être utilisée ailleurs que dans le cadre scolaire?
- Un professeur de la classe où l’intimidation s’est déroulée peut-il mener les entretiens?
- La méthode peut-elle être utilisée lorsque des sanctions ont été prononcées?
- La méthode a-t-elle fait l’objet d’évaluations concernant son efficacité?
- Existe-t-il d’autres méthodes pour traiter les situations de harcèlement scolaire?
1- La méthode peut-elle être utilisée avec de très jeunes enfants?
Dans les faits, on observe que c’est généralement avec des élèves de 7 ou 8 ans que les professionnels commencent à utiliser la méthode de la préoccupation partagée. Avant cet âge, le message injonctif du maître peut suffire pour faire cesser l’intimidation. Des expériences très réussies d’utilisation de la MPPFR dans des classes de maternelle ont cependant été tentées.
2- La méthode peut-elle être utilisée ailleurs que dans le cadre scolaire ?
La méthode de la préoccupation partagée peut permettre le règlement des situations d’intimidation dans tous les groupes de jeunes. Aussi a-t-elle pu être utilisée avec efficacité dans des clubs sportifs mais aussi dans des centres de vacances.
3- Un professeur de la classe où l’intimidation s’est déroulée peut-il mener les entretiens?
Il est préférable que l’intervenant soit extérieur à la classe. Il importe que celui qui mène les entretiens n’ait pas une connaissance précise du groupe avec qui il va travailler afin de pouvoir aborder la situation avec neutralité. Les élèves, de leur côté, se sentiront plus à l’aise pour parler avec un professionnel extérieur à la classe. Lorsqu’il n’existe pas dans un établissement d’équipe vers laquelle se tourner pour traiter une situation d’intimidation, un enseignant peut avoir recours à d’autres méthodes comme No Blame ou Farsta.
4- La méthode peut-elle être utilisée lorsque des sanctions ont été prononcées ?
La méthode de la préoccupation partagée est une approche non blâmante. Les personnels qui la mettent en œuvre ne disposent pas du pouvoir de sanction. Celui-ci appartient au chef d’établissement. Il se peut que dans certains cas le recours à la sanction soit nécessaire. Deux situations peuvent être envisagés. 1) Si les intimidateurs refusent de coopérer, se murent dans le silence, ne font aucune suggestion et persistent à intimider la cible, la méthode est alors abandonnée et le chef d’établissement sanctionne les intimidateurs. 2) Si les faits sont particulièrement graves, des sanctions doivent être immédiatement prononcées. Mais on sait que celles-ci mettent rarement fin à elles seules à l’intimidation. L’équipe chargée du traitement des situations peut parfaitement travailler avec les intimidateurs après qu’ils ont été sanctionnés.
5- La méthode a-t-elle fait l’objet d’évaluations concernant son efficacité ?
La méthode de la préoccupation partagée a fait l’objet de différentes évaluations internationales :
– En 1994, P.K. Smith et S. Sharp ont testé la méthode auprès d’élèves du secondaire (Sheffield) : le taux de résolution des situations est de 75%.
– En 1996, A. Duncan a procédé à une évaluation auprès d’élèves entre 7 et 16 ans (Écosse) : sur 38 cas d’intimidations 34 ont pu être résolus avec la Préoccupation commune (soit 89%).
– En 2001, P.K. Smith a interrogé des enseignants (Royaume-Uni) sur l’efficacité de de la méthode en leur demandant de la situer sur une échelle de 1 à 5 : leurs réponses est de 3,9.
– En 2001, C. Griffiths a testé la méthode en Australie auprès d’élèves du primaire et du secondaire : les taux de réussite de la méthode se situent entre 85 et 100%.
Sources :
Duncan Alison, The Shared Concern Method for Resolving Group Bullying in Schools, Educational Psychology in Practice 12 (2), 1996.
Griffiths Coosje, Countering bullying in schools : training package, Western Australian Department of Education, 2001.
Smith Peter K. et Sharp Sonia, School Bullying, Insights and Perspectives, Routledge, London, 1994.
Smith Peter K. Should we blame the bullies? The Psychologist, 14 (2), 2001.
6- Existe-t-il d’autres méthodes pour traiter les situations de harcèlement scolaire ?
Deux autres méthodes ont été développées en Europe. La première est connue sous le nom de Méthode Farsta du nom d’un quartier de Stockholm où son concepteur le psychologue suédois Karl Ljungström l’a développée. Il s’agit d’une dissidence de la Préoccupation partagée. Elle en reprend les principaux aspects (approche non blâmante, entretiens individuels, recherche de suggestions…) mais elle introduit une différence importante: l’intervenant commence les entretiens en marquant fortement son opposition à l’intimidation et en exprimant son intention d’y mettre un terme. Ce modèle plus injonctif peut être utilisé par un enseignant dans sa propre classe ou encore dans certaines situations pour lesquelles la Préoccupation partagée ne paraît pas adaptée (élèves particulièrement jeunes, brimades sévères…).
Deux chercheurs britanniques Barbara Maines et George Robinson ont développé une méthode connue sous le nom de No Blame Approach. Il s’agit également d’une approche non blâmante; elle ne procède pas par entretiens individuels mais par un travail avec un groupe d’élèves à qui les professionnels font part de leur de leur préoccupation pour l’élève cible. Ce groupe, au sein duquel se trouvent aussi les principaux intimidateurs, est inviter à faire des suggestions pour améliorer la situation de la cible.